Il y a quelques temps, nous avons restauré un coffre qui nous a conduit à faire des recherches historiques sur les compagnies des Indes. Nous partageons le résultat de notre enquête avec vous.
Depuis l’antiquité, de multiples routes commerciales existent entre l’Asie et l’Europe qu’elles soient maritimes ou terrestre. Elles évoluent en fonction des tensions politiques et des conflits.
Au VIIe siècle, l’apparition de l’Islam dans la péninsule arabique donne naissance au monde musulman dont le rayonnement s’étend rapidement au Bassin méditerranéen. Les commerçants arabes prennent peu à peu le contrôle du commerce avec l’Afrique et l’Asie. Le déclin progressif du commerce européen avec l’Asie, à partir du XIe siècle et en dépit du soutien des Croisés, s’achève avec la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. Le commerce d’Asie passe alors sous domination arabo-musulmane.
A partir du XVème siècle, le Portugal souhaite s’émanciper du monopole du commerce musulman grâce notamment à d’important progrès dans le domaine maritime (construction navale, cartographie, instrumentations…) bien souvent acquis au contact des pilotes arabes. De nouvelles routes maritimes vont alors naître entre l’Europe et L’Asie.
Dès lors, les Portugais s’insèrent dans un réseau commercial développé qui s’étend de l’Inde au Japon.
Les compagnies anglaise et hollandaise
Souhaitant évincer les Portugais, Anglais et Hollandais fondent successivement l’East India Company (EIC) et la Vereenigde Oost Indiche Compagnie (VOC), inaugurant ainsi l’ère des compagnies de commerce à chartes.
En 1602, cinq armements privés hollandais fusionnent pour former la VOC, la Compagnie unie des Indes orientales. Une innovation financière qui prend la forme d’une souscription ouverte à tous les Hollandais, permet à la VOC d’obtenir plus de six millions de florins. Ce capital permanent évite d’avoir à rechercher des fonds pour chaque nouvelle expédition et fait de cette compagnie la première grande société anonyme de l’Histoire. Elle est en outre dotée de pouvoirs régaliens dans ses comptoirs (police, défense, diplomatie, monnaie…).
La compagnie anglaise EIC quant à elle fondée en 1600, fonctionne initialement grâce à des capitaux réunis à chacune de ses expéditions. En 1613, s’inspirant du modèle hollandais, elle dispose d’un capital fixe d’un montant encore plus élevé que celui de la VOC. À partir de 1615 l’EIC bénéficie d’un traité signé entre l’Angleterre et le Grand Moghol Jahangir qui lui ouvre les portes de l’Inde. Elle jette alors les bases d’un immense empire.
La Compagnie des Indes française
Durant la seconde moitié du XVIe siècle, la France est ravagée par les guerres de Religion. Affaibli, le pouvoir royal vacille. Les temps ne sont pas à l’organisation d’expéditions commerciales complexes à destination de l’Asie. Quelques aventuriers français s’y risquent mais aucune des initiatives entreprises ne dispose de la surface financière et de l’organisation de leurs tout-puissants concurrents hollandais (VOC) et anglais (EIC).
Louis XIV est convaincu qu’il lui faut rétablir la puissance navale de la France pour rendre sa grandeur au royaume. Dès 1661, il nomme Jean-Baptiste Colbert intendant des finances. Cumulant de nombreuses charges dont celle de secrétaire d’Etat de la Marine, Colbert favorise le développement industriel, commercial et colonial de la France et fonde la première grande compagnie de commerce maritime française.
Sa création avait pour but de donner à la France un outil de commerce international avec l’Asie et de concurrencer les puissantes compagnies Anglaise et Hollandaise. Cependant, la guerre d’usure avec les Hollandais puis le choc frontal avec les Anglais en Inde la conduiront à sa perte, après seulement un siècle d’existence.
Un navire de la Compagnie donne son nom à une ville bretonne : Lorient
Dès 1661-1662, sous l’égide de Colbert, des missions de repérage recherchent de sites propices à la création de lieux d’escale et de chantiers navals. C’est Port-Louis, au sud de la Bretagne, qui est finalement désigné en juin 1666.
Le nom de la ville proviendrait du premier navire construit par la Compagnie des Indes : il s’agissait du Soleil d’Orient, vaisseau de 60 canons et 1000 tonneaux. Les ouvriers travaillant à la construction du navire auraient fini par appeler le chantier ” Le Soleil d’Orient “, puis ” L’Orient ” par métonymie. Autour de l’enclos du port renfermant les infrastructures de la compagnie, les ouvriers commencent à construire des logements, d’abord rudimentaires. La ville de Lorient est née et prend son essor au long du XVIIIe siècle.
Dans notre prochain article, nous parlerons des marchandises que transportaient ces compagnies et du rôle qu’elles ont eu dans la propagation des arts asiatiques en Europe.
Pour aller plus loin :
Musée de La Compagnie des Indes
Citadelle, avenue du Fort de l’Aigle
56290 PORT-LOUIS
Tel : 02 97 82 56 72
Un paravent chinois au Musée de la Compagnie des Indes de Lorient
Lire la Relation du premier voyage de la Compagnie des Indes orientales en l’isle de Madagascar ou Dauphine , par M. Souchu de Renefort,… (1668) sur Gallica