Les incrustations de coquilles d’œufs (rankaku) ou de nacres (raden) sont des types de décors courants dans l’art du laque traditionnel et contemporain. Le blanc des coquilles et les teintes irisées de la nacre permettent de contraster avec les couleurs ambrées et profondes des laques d’origines végétales.
Ces décors amènent clarté, lumière et lisibilité.
Nous trouvons aussi, entre autre, dans l’éventail des possibilités décoratives : la métallisation (à la feuille d’or, d’argent ou de cuivre), la technique du maki-e (les motifs sont dessinés en les saupoudrant d’or), celle du nashiji (saupoudrage de flocons d’or), ou encore la technique du Coromandel qui consiste à évider le motif dans la laque jusqu’aux enduits…Nous y reviendront dans un prochain article.
Intéressons-nous de plus près à la technique d’incrustation de coquilles d’œuf, illustrée par la réalisation de ce panneau décoratif réalisé dans notre atelier.
Ici nous nous servons de coquilles d’œuf de poules, mais les laqueurs asiatiques leurs préfèrent l’œuf de caille.
Le support, ici en bois, est d’abord apprêté à la laque ou au vernis. Après séchage et ponçage, on applique du vernis avant de poser la coquille. À l’aide de deux outils pointus, nous cassons puis organisons les différents morceaux en les écartant plus ou moins de manière à obtenir un aplat blanc lorsqu’ils sont serrés ou de laisser apparaître le fond entre chaque morceau.
La coquille peut se poser en concave (la laque restera présente dans le creux) ou en convexe ( une fois poncée la laque ne restera qu’autours des morceaux).
Une fois le décor posé et après une nuit de séchage, nous redessinons les contours au scalpel.
Il faudra ensuite environ quatre couches d’un mélange de vernis et de pigment, de manière à rattraper le niveau des coquilles. C’est grâce au ponçage que le blanc de nos coquilles réapparaît peu à peu. Une fois l’apparition complète du décor, le travail est vernis, poncé puis poli.