Lors du processus créatif auquel se confronte le laqueur, pour la réalisation d’un décor mural ou pour la finition d’un mobilier, en finition ou pour une étape intermédiaire, le choix des produits à utiliser est un véritable casse tête !
En effet, chaque produit à ses particularités, ses contraintes d’utilisation (chaleur, humidité, temps de séchage…), une chimie qui lui est propre, et donc des interactions avec d’autres produits préalablement utilisés.
Nous allons faire ici un petit tour d’horizon non exhaustif des différents vernis et laques, et tenter de vous éclairer à l’heure ou des choix doivent se faire et qu’ils ne sont pas l’évidence même.
En premier lieu la plus ancienne, l’originelle, est la laque végétale originaire d’Asie.
L’Europe la connait plus sous le nom de laque de Chine ou du Japon. Il s’agit en fait de la résine d’un arbre qui après différents traitements et pigmentation donne une matière applicable sur le support choisi . La laque végétale est utilisée depuis plusieurs millénaires sur tous types d’objets (vaisselle, mobilier, architecture…) . Cette laque a l’avantage, une fois sèche, d’être extrêmement résistante, à l’eau, la chaleur et même aux acides! Elle traversera les siècles sans souci particulier. Par contre, travailler avec cette matière comporte de gros inconvénients . La laque végétale a besoin d’un environnement très chaud et très humide pour être appliquée. Il faudra de multiples couches qui seront poncées systématiquement. Elle est toxique pour l’homme, très allergène et nécessitera de prendre de sérieuses précautions d’utilisation .
Les laques de Chine et du Japon connurent un grand succès tout au long du XVIIIe siècle. C’est sous le règne de Louis XV dès 1730 que la vogue pour les meubles en laque se développe sous l’influence des « marchands-merciers ». Après avoir importés des coffres, des cabinets et des paravents d’Asie pour les vendre tels quels, ils eurent l’idée de les démembrer et de les découper en prélevant leurs panneaux de laque pour orner les meubles occidentaux ( meubles à écrire, commodes, encoignures, armoires).
Le marchand-mercier se chargeait de livrer le matériau à l’ébéniste dont le rôle était de le poser sur le bâti du meuble en guise de parure. Ayant une fonction d’intermédiaire. Le marchand mercier vendait lui-même le meuble terminé à ses clients fortunés qui souvent ignoraient l’identité de l’ébéniste.
Les parties du meuble non ornées de laque étaient peintes d’un vernis pour mettre en valeur ou pour harmoniser les champs extérieurs avec le panneau central en laque orientale, ce qui donnait l’illusion d’un meuble entièrement en laque. cette technique était aussi utilisée par les ébénistes comme procédé de substitution pour imiter les laques véritables quand ils ne pouvaient employer des laques d’origine et d’époque car ces laques étaient très rares et donc très onéreuses. En 1730, les frères Martin de Paris mettent au point une imitation de laque à base de copal, le vernis Martin. Ce vernis comporte cependant un gros défaut : il est fragile à l’eau.
Anglais et Hollandais élaborent leurs propre techniques : c’est en Hollande que naît le vernis gras à base de bitume de Judée. Celui-ci est résistant aux intempéries. Il protègera alors les calèches, fiacres et chaises à porteurs.
On rencontrera aussi la technique de la peinture sur tôle, créée en Italie et exploitée en applications sur le mobilier en 1740. La France l’a adoptée en 1763 concurremment avec l’Angleterre. Le travail de la tôle peinte était étudié pour concurrencer les laques fragiles et coûteuses. Une feuille de fer laminée recouverte d’une fine épaisseur d’étain était enduite de deux à quatre couches de vernis poli après séchage formant la base lisse sur laquelle le décor est peint.
La technique usant des vernis gras perdure encore aujourd’hui notamment avec le vernis flatting mélangé aux pigments en poudre ou bien encore les vernis glycérophtaliques. Métallisation et incrustations sont rendues possibles grâce à une viscosité proche de celle des laques végétale
Vers le milieu du XIXe siècle, les progrès de la chimie permettent la mise au point d’un vernis de meilleure qualité. Au cours de la Première Guerre mondiale, la laque fut employée pour renforcer la résistance des hélices d’avion. Mises au point par et pour l’industrie, les laques modernes ont peu à peu trouvées leurs places dans les ateliers artisanaux. Ces «laques modernes» furent employées par les décorateurs du mouvement Art déco sur toutes sortes de supports : contreplaqué, latté, aggloméré ou encore tôle d’aluminium.
La laque cellulosique à la faculté de sécher rapidement et offre l’avantage de faire des glacis donnant aux œuvres une belle profondeur. La laque polyuréthane existe quant à elle en deux versions, mono-composant et bi-composant. Dans cette seconde version, le durcissement est obtenu à l’aide d’un catalyseur mélangé à la résine. Il en résulte que les couches, ne nécessitant pas de contact avec l’air ambiant pour durcir, peuvent être directement superposées et parviendront par la polymérisation à leur consistance définitive.
A ce jour, on sait que les laques synthétiques, composés de solvants dangereux pour la santé ( acetone, et toluene, COV, composés organiques volatils), présentent des dangers pour l’individu et l’environnement. La réglementation européenne de 2006 dite Reach ( Registration, evaluation and authorisation of chemicals) entraine leur disparition au profit de la laque hydrosoluble, proche de l’acrylique et soluble dans l’eau moins toxique pour l’homme.