Nous venons de restaurer un coffre Nanban. Vous pouvez voir les étapes de ce travail ici. Cela nous donne une occasion de vous expliquer ce style plus en détail.

Cabinet nanban 5

A l’origine

L’époque Nanban désigne une partie de l’histoire du Japon qui s’étend de l’arrivée des premier européens au Japon en 1543 jusqu’à leur exclusion quasi-totale en 1650.
Le mot Nanban est un mot japonais qui désigne à l’origine la population d’Asie du Sud et du Sud-Est, suivant un usage chinois pour lesquels les peuples « barbares » situés dans les quatre directions ont une désignation spécifique en fonction de celle-ci. Au Japon, le mot prend un nouveau sens pour désigner les Européens lorsque ceux-ci arrivent au Japon à partir de 1543, d’abord du Portugal, puis d’Espagne, puis plus tard des Pays-Bas et d’Angleterre.

Le mot Nanban est alors considéré comme approprié pour les nouveaux visiteurs, dans la mesure où ils viennent du Sud par bateau, et où leurs manières sont considérées comme non sophistiquées par les Japonais.
Les Japonais sont d’abord très méprisants envers les manières des nouveaux arrivants.
Un récit contemporain japonais relate que :

“Ils mangent avec leurs doigts au lieu d’utiliser des baguettes comme nous. Ils montrent leurs sentiments sans aucune maîtrise de soi. Ils ne peuvent pas comprendre la signification des caractères écrits.”

(Cité par C.R. Boxer dans The Christian century in Japan 1549-1650)

Cependant, les Japonais adoptent rapidement plusieurs des technologies et des pratiques culturelles de leurs visiteurs, aussi bien dans le domaine militaire (l’arquebuse, les cuirasses de style européen, les navires européens), religieux (conversions au christianisme), de l’art décoratif ou du langage (intégration au japonais de termes occidentaux).

Peu après les premiers contacts en 1543, les navires portugais commencent à arriver au Japon. La cargaison des premiers navires portugais (habituellement 4 petits navires par an) arrivant au Japon consiste presque entièrement en soie et en porcelaine chinoises, marchandises qui intéressent beaucoup les Japonais, d’autant plus que l’Empereur de Chine a interdit tout contact avec le Japon en représailles des raids des pirates Wakō. Les Portugais trouvent ici une bonne occasion d’agir en tant qu’intermédiaires dans le commerce asiatique.

L’influence de ce commerce dans l’art

Ces échanges commerciaux ont, entre autres, pour conséquences de développer une expression artistique qui sera l’un des premiers exemples connus de l’occidentalisation de l’Asie. Le Japon est ainsi devenu une des nouvelles sources d’objets de luxes exotiques  (mobiliers, paravents, peintures…) qui alimentent une demande Européenne grandissante, attirée par les objets laqués et très largement décorés d’or et d’incrustations de nacre dont les Japonais sont experts. Ces objets ont principalement un caractère religieux car ils sont lié à la percée du christianisme au Japon, propagé par les missionnaires Jésuites présent dès 1549.

Néanmoins, un style se mets en place beaucoup plus critiques envers ces « barbare du sud » que l’on retrouve dans les peintures et paravents notamment alimenté par les artistes des écoles TOSA et KANO qui combinent des thèmes relatif aux sujets étrangers en caricaturant les personnages à la manière de la Commedia dell’arte.

Ce style perdurera jusqu’au milieu du XVIIème siècle et prendra fin avec la politique d’isolation nationale des Tokugawa qui ferme en grande partie le Japon au contact de l’étranger dans les années 1630 entraînant le déclin de l’art Nanban.

 

Pour en savoir plus :

Admirez de belles photos d’objets de style nanban sur ce site : http://japanesembassies.wordpress.com/tsuba-and-other-namban-pieces/